Mariages mixtes et perdurance identitaire par Léon Ouaknine

Mariages mixtes et perdurance identitaire 

Quel futur pour les juifs ?

par Léon Ouaknine

 Régulièrement, nous donnons la parole à Léon Ouaknine, français qui vit à Montréal. Essayiste comme il se définit, Léon est, pour moi, beaucoup plus que cela. Il n’essaie pas seulement il transforme (pour emprunter au rugby!) …notre vision et il m’a semblé que cet article, écrit avec beaucoup de doigté et de sens, peut nous faire revisiter la notion d’identité qui est trés labile, dans nos sociétés de plus en plus métissées…

Guy Lesoeurs  

« La question des mariages mixtes au sein des communautés juives ressemble un peu à la question juive qui taraudait tant les divers pays occidentaux aux dix-neuvième et vingtième siècles. Chacune étant un objet détestable dont on ne savait pas comment le faire disparaître.

Pour situer ce que signifie le mariage mixte, entendu ici comme mariage entre juif et non juif, je me référerais aux trois vignettes informatives suivantes :

  • The Jewish People Policy Planning Institute, un institut de recherche fondé en 2002 à Jérusalem par le gouvernement israélien, l’Agence Juive et d’importantes organisations juives de la diaspora, a publié une série d’études sur l’avenir démographique du peuple juif. En ce qui concerne la communauté juive nord-américaine, 27% des juifs Nord-américains modérément pratiquants se marient avec des non-juifs (The American religious identification Survey, 2001), les proportions sont plus élevées en Europe occidentale et encore plus pour les juifs russes. 50 à 80% de ces mariages mixtes mènent à l’assimilation des descendants.
  •  En septembre 2009, MASA, une organisation parrainée par le gouvernement israélien, a produit des spots publicitaires contre le mariage mixte. Sur la vidéo de 30 secondes, on voit des affichettes placardées aux angles de rues, dans le métro et sur les cabines téléphoniques, montrant les photos de jeunes juifs avec au-dessus la mention « Perdu pour le peuple juif ». Cette campagne publicitaire fut arrêtée au bout de 3 jours, devant les protestations, jugeant raciste et insultante cette publicité contre les juifs ayant marié un non juif.
  •  Dans les années quatre-vingts, le National Jewish Welfare Board, organisation Nord-Américaine de coordination de la vie juive institutionnelle devenue en 1990 le JCC, Jewish Community Centers of North-America, concluait que les 5.7 millions de juifs nord-américains de l’époque ne seraient plus que 4 millions en 2050, du fait des mariages mixtes.

 Ces trois vignettes résument aux yeux des gardiens du peuple juif le dilemme confrontant les juifs vivant dans la diaspora occidentale, où l’antisémitisme n’est plus le mur d’airain qu’il était, martyrisant mais maintenant vivace la condition juive. Les communautés juives, tant ses leaders que ses simples quidams s’interrogent, « Comment faire perdurer l’identité juive ? Comment assurer le retour du même ? ».

Avant de pouvoir répondre à ces questions, il nous faut revisiter la notion d’identité.

D’après Cyrulnik, « Toutes les identités sont le produit de l’héritage d’un père, d’une mère et d’une religion que chacun interprète selon son contexte culturel ». Le Moi est enfanté par un Nous composite et complexe. L’identité renvoie clairement à une nature dynamique et duelle : elle a un versant individuel, mais également un versant collectif. Il n’y a pas d’identité qui ne soit que l’un ou l’autre de ces versants.

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Don d’organes et religion, opposition ou non-opposition?

Groupe Don d’organes et religion, opposition ou non opposition?

Hospitalo-Universitaire Cochin, Paris, mardi 22 juin 2010 de 14h à 17h

Amphithéâtre Dieulafoy, entrée libre

INVITATION

 En écho de la première table ronde de juin 2009 « Approche transculturelle du don d’organes », la coordination des prélèvements d’organes et de tissus du Groupe Hospitalier Cochin organise avec l’aumônerie sa seconde table ronde-débat consacrée à la question du don d’organes et des religions, lors de la 10 ième Journée Nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe.

Objectifs de la table ronde-débat :

  • Contribuer à la réflexion sur les religions et son application sur le terrain à partir de témoignages,
  • Favoriser la discussion entre les représentants des cultes,
  • Permettre des échanges avec le public sur les aspects religieux dans le cadre du don d’organes et de la greffe,
  • Lever les réticences sur le don d’organes et la greffe.

Sur une idée de Joséphine Cossart, coordinatrice hospitalière de prélèvements d’organes de Cochin, ont accepté de participer :

–          Le Docteur Julien Charpentier, médecin réanimateur (Praticien Hospitalier) et médecin coordinateur du réseau de prélèvements Ouest francilien,

–          Madame Doriane Vilordin, aumonière catholique du CHU Cochin,

–          Le Grand Rabbin Haïm Korsia, aumônier général israélite de l’Armée de l’Air et des Armées, secrétaire général de l’Association du Rabbinat français, conseiller du Grand Rabbin de France, membre du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) de 2005 à 2009,

–          Monsieur Saïd Ali Koussay, Imam et aumônier musulman de l’Hôpital Avicenne (Bobigny), co-président du Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne (GAIC),

–          Le Docteur Elisabeth Lepresle, médecin anesthésiste réanimateur, docteur en philosophie, membre de l’Agence de Biomédecine.

–          Des proches des donneurs et des greffés.

Le modérateur de la table-ronde débat sera Guy Lesoeurs, anthropologue de la santé, ethnopsychologue formé à la psychologie transculturelle par le Pr Marie-Rose Moro et son équipe, co-réalisateur avec le Dr Taïeb Ferradji, psychiatre, praticien hospitalier à l’Hôpital Avicenne, du film de formation destiné aux Coordinations Le frère venu d’ailleurs, premier prix de la commun ication AFIDTN 2009. Le public de la table ronde-débat sera constitué de soignants, d’universitaires, de personnel administratif hospitalier, de travailleurs sociaux, de membres d’associations, d’adolescents, de la Presse et de toute personne intéressée par le sujet.

En fait, il s’agira d’analyser et d’évaluer, à la lumière des témoignages des familles et des religieux, l’application et la compatibilité des religions avec la réalité du terrain dans le cadre d’une démarche de prélèvement d’organe. Les problèmes posés par le prélèvement et la greffe, qu’ils soient de nature culturelle ou religieuse, comme le respect des rites funéraires seront envisagés.

En premier lieu, le Dr Julien Charpentier abordera la question des religions dans une démarche de don d’organes/greffe et évoquera des entretiens avec les familles des donneurs.

Les témoignages des proches et de greffés apporteront un éclairage concret. Les représentants des cultes envisageront les positions de leur religion et insisteront sur la nécessité d’aborder au sein des communautés le sujet du don d’organes et de la greffe.

Le Dr Elisabeth Lepresle concluera la réunion en traitant des représentations du prélèvement et du corps mort.

Au cours de cette table ronde-débat les thèmes suivants seront abordés :

–          Le concept de la mort encéphalique dans les différentes religions,

–          La prise en compte des rites religieux propres à la mort,

–          La notion d’appartenance du corps,

–          La question du devenir du corps au regard des avancées médicales et techniques.

La coordination hospitalière du Groupe Hospitalier Cochin espère que cette table ronde-débat, organisée lors de la 10 ième Journée Nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, permettra une réflexion approfondie sur le sujet encore assez mal connu de la position des religions afin de lever les réticences sur le don d’organes.

 Contact : Joséphine Cossart 01 58 41 30 59 (josephine.cossart@cch.aphp.fr)