Jehanne m’a brûler
Psychanalyse (du mythe) de Jehanne d’arc
par Guy Lesoeurs (ouvrage en cours d’écriture)
Pour introduire cet essai…
La fièvre « arcienne » : une actualité brûlante
6 Janvier2012, la France se rapetisse et se tapit au fond de son terrier tandis que la bataille élective s’enfle. A défaut de cent ans, ce sera une guerre de cent jours. Les uns écument les routes, d’autres ratissent les ondes tandis que l’Anglois, dé-livré (£££), n’a pas payé la rançon et déserté la terre européenne, comme à l’accoutumée.
Les preux écuyers viennent défendre leurs prétendants au trône. De Bourgogne, Normandie, de Bretagne, de Champagne, de Nice ou de …l’Intérieur, les chevaliers non teutoniques mais tétant aux mamelles de la bonne mère patrie, se querellent pour un mot malheureux, un sale-à–malec, sac à malices, disons un sarcasme tisonnant dans l’âtre. Et le feu de la haine simulée est stimulé par les disciples d’ENA, de Polytechnie ou des Pontifes déchaussés, nos grands prêtres laïques et suppôts du savoir.
Le président sortant (et peut être rentrant) se recueille à Domrémy pour célébrer l’anniversaire de la Pucelle tandis que les autres prétendants, parfaites ex-vierges effarouchées ou chevaux de retour aux naseaux écumants enragés par tant d’audace, crient « au loup » à l’unisson. Mais Nicolas dans l’entre-deux, détenteur de la chose publique, n’est pas le seul pèlerin, qu’on se le dise ! Le mythe de Jehanne est un gâteau juteux et bien tentant surtout quand il permet d’exacerber le sentiment communautaire et de symboliser le repli dans le sein chéri maternel. Regroupons-nous et demain…
Des loups, il y en a partout et beaucoup en Lorraine en ce 6 Janvier 1412. Le royaume de France est exsangue et réduit à la portion qu’on gruge (je sais : on dit congrue!). L’Anglois et le Bourguignon s’empoignent le goulot avec les Armagnacs. C’est la guerre de cent ans. Les routiers et les égorgeurs de tout bord attaquent les paysans et pillent les églises. En ces temps de meurtres, de complots et de ruines, la France semble abandonnée de Dieu et les Français sont comme des veaux allant à l’abattoir. Voire ! car en ce jour de frimas, à Domrémy, naît la paysanne qui va sauver la France, pas encore mère des armes, des arts et des lois chantée par le poète Du Bellay.
« Va, Jeanne, va, je crois en toi. Va et advienne que pourra » Robert de Baudricourt se serait adressé à la Pucelle-guerrière en 1429 ! Prémonitoire.
Va-t-on encore demander à la pucelle fileuse de laine de repérer entre tous celui ou celle qui conduira la mère–patrie au milieu de cette basse-cour piaillante et à l’haleine quelque peu nauséabonde qui croque sur le dos des manants en compagnie des prêteurs sur gage, triplant leurs cotations et leurs bénéfices ?
Voilà pour l’affaire Jehanne d’Arc qui s’est renouvelé de siècle en siècle avec une fièvre « arcienne » aux moments où les hommes et femmes politiques recherchaient des parangons de vertu de Jaurès à Mitterrand en passant par Pétain, De Gaulle, Royal et Le Pen jusqu’à ses nouveaux prétendants au royaume de France qui, de nos jours, requièrent la caution de la Pucelle, de la Gauche à la Droite, afin de gratouiller les archétypes inconscients des électeurs.
Ce jour du 6 janvier, avec ce billet d’humeur et d’actualité, j’inaugure la première page de : « Jeanne m’a brûler. Psychanalyse (du mythe) de Jehanne d’arc . Ainsi je revendique la paternité du titre de cette série de chapitres qui seront rassemblés dans un ouvrage que je compte publier, in fine. Assurément, Jehanne et son mythe vont me faire bûcher !
Je vais tenter de démontrer que la pucelle, à travers le temps et le mythe, est l’incarnation du repli communautaire et de la renarcissisation d’une élite et d’un peuple.
Guy Lesoeurs
Psychanalyste
Tu entres dans le sujet à la manière d’un pur sang!
Les allers et retours entre le passé et le présent me séduisent, comme tu le laisses entendre l’histoire malheureusement bégaie.
J’aime ce mélange de langue contemporaine et médiévale.
Tu as choisi un magnifique sujet et tu vas le traiter avec une écriture et une démarche originale.
J’attends la suite avec impatience.
Amitiés,
Michèle.
Merci pour l’appréciation. Tu m’encourages à continuer.
Je vais essayer avec la même veine.
A+
Guy