Notre Ami Léon Ouaknine, essayiste de talent, établi au Canada, vient de m’adresser cet article que j’ai le plaisir de placer dans la catégorie « Humeur canadienne » de mon blog.
Léon est auteur de « Il n’y a jamais eu d’abonné au numéro que vous avez appelé » Ed. Moïse Mougnan, Montréal, 2009.
Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde
Albert Camus
Il y a en gros deux formes de laïcité. La première, celle qui érige un mur étanche entre l’État et l’Église, c’est la laïcité tout court ; la seconde, celle qui fait des trous plus ou moins énormes dans ce mur, la laïcité dite positive, inclusive, ouverte, plurielle, appelons-la ici laïcité plurielle. Il n’y a toujours pas de consensus au Québec pour déterminer celle qui convient le mieux à son identité, son histoire et ses aspirations.
Historiquement, la laïcité n’advient dans un pays qu’à l’issue de luttes contre l’oppression religieuse, comme l’attestent entre autres, les difficiles accouchements de pratiques laïques en France, aux Etats-Unis et au Québec. La laïcité n’est pas en soi une valeur culturelle, mais un mode d’organisation de la société, qui pose comme fondement de la vie publique la neutralité radicale de l’État et de ses diverses institutions vis-à-vis de toute croyance, autrement dit la séparation de l’Église et de l’État. Philosophiquement, la laïcité s’appuie, non sur Dieu, la Nature ou l’Ethnie, mais sur l’universalité du pouvoir critique et rationnel d’individus singuliers et libres, comme base de l’association politique, association qui ne doit dès lors plus rien à l’appartenance communautaire, ni même au lien social. (C. Kintzler). La « laïcité » suppose du coup une dualité au cœur de l’individu entre un « moi vécu » enraciné dans ses croyances, ses préjugés, ses désir et ses émotions, et un « moi citoyen » guidé par des principes universels, dégagé de sa gangue ethnique ou religieuse, un « moi citoyen » appelé à participer à une république du « vivre-ensemble ». Bien qu’un régime laïc s’interdise par définition toute interférence dans les diverses cultures et religions du pays, la simple existence d’un espace public laïque fonde une citoyenneté partagée en ce qu’il permet la discussion de projets communs en lieu et place de la pesanteur des identités figées par la religion ou la culture (Benoît Schneckenburger, 2011) Continuer la lecture de Quelle laïcité pour le Québec par Léon Ouaknine
Régulièrement, nous donnons la parole à Léon Ouaknine, français qui vit à Montréal. Essayiste comme il se définit, Léon est, pour moi, beaucoup plus que cela. Il n’essaie pas seulement il transforme (pour emprunter au rugby!) …notre vision et il m’a semblé que cet article, écrit avec beaucoup de doigté et de sens, peut nous faire revisiter la notion d’identité qui est trés labile, dans nos sociétés de plus en plus métissées…
Guy Lesoeurs
« La question des mariages mixtes au sein des communautés juives ressemble un peu à la question juive qui taraudait tant les divers pays occidentaux aux dix-neuvième et vingtième siècles. Chacune étant un objet détestable dont on ne savait pas comment le faire disparaître.
Pour situer ce que signifie le mariage mixte, entendu ici comme mariage entre juif et non juif, je me référerais aux trois vignettes informatives suivantes :
The Jewish People Policy Planning Institute, un institut de recherche fondé en 2002 à Jérusalem par le gouvernement israélien, l’Agence Juive et d’importantes organisations juives de la diaspora, a publié une série d’études sur l’avenir démographique du peuple juif. En ce qui concerne la communauté juive nord-américaine, 27% des juifs Nord-américains modérément pratiquants se marient avec des non-juifs (The American religious identification Survey, 2001), les proportions sont plus élevées en Europe occidentale et encore plus pour les juifs russes. 50 à 80% de ces mariages mixtes mènent à l’assimilation des descendants.
En septembre 2009, MASA, une organisation parrainée par le gouvernement israélien, a produit des spots publicitaires contre le mariage mixte. Sur la vidéo de 30 secondes, on voit des affichettes placardées aux angles de rues, dans le métro et sur les cabines téléphoniques, montrant les photos de jeunes juifs avec au-dessus la mention « Perdu pour le peuple juif ». Cette campagne publicitaire fut arrêtée au bout de 3 jours, devant les protestations, jugeant raciste et insultante cette publicité contre les juifs ayant marié un non juif.
Dans les années quatre-vingts, le National Jewish Welfare Board, organisation Nord-Américaine de coordination de la vie juive institutionnelle devenue en 1990 le JCC, Jewish Community Centers of North-America, concluait que les 5.7 millions de juifs nord-américains de l’époque ne seraient plus que 4 millions en 2050, du fait des mariages mixtes.
Ces trois vignettes résument aux yeux des gardiens du peuple juif le dilemme confrontant les juifs vivant dans la diaspora occidentale, où l’antisémitisme n’est plus le mur d’airain qu’il était, martyrisant mais maintenant vivace la condition juive. Les communautés juives, tant ses leaders que ses simples quidams s’interrogent, « Comment faire perdurer l’identité juive ? Comment assurer le retour du même ? ».
Avant de pouvoir répondre à ces questions, il nous faut revisiter la notion d’identité.
D’après Cyrulnik, « Toutes les identités sont le produit de l’héritage d’un père, d’une mère et d’une religion que chacun interprète selon son contexte culturel ». Le Moi est enfanté par un Nous composite et complexe. L’identité renvoie clairement à une nature dynamique et duelle : elle a un versant individuel, mais également un versant collectif. Il n’y a pas d’identité qui ne soit que l’un ou l’autre de ces versants.
Léon Ouaknine nous écrit régulièrement du Canada et c’est toujours avec grand plaisir que j’accueille ces articles qui sont de bon aloi, c’est-à-dire qu’ils sonnent juste aux oreilles des personnes sages qui réfléchissent un peu plus loin que le bout de leur nez.
Dans cet article, Léon commence très fort avec cette assertion « Lorsqu’on tient pour sacré et nécessairement vrai un texte religieux, on est littéralement au-delà de toute raison ». A partir de cette phrase-clé, Léon nous démontre qu’au nom de la religion et de la différence culturelle érigées comme les nouveaux piliers de la « morale » et de la bienpensance occidentale (chargées de faire régner un semblant d’ordre et d’harmonie en leur sein), on attente gravement à la laïcité, pourtant seule garantie de l’expression et de la liberté et du bien vivre ensemble.
Dans cet article, Léon Ouaknine récuse fortement les nouveaux canons de la bienpensance occidentale (sans doute à la recherche d’une forme de rédemption pour des péchés transgénérationnels, c’est moi qui le dit) : surveiller l’expression et même le langage, mettre en exergue le fait de respecter le fait religieux même s’il bafoue le libre arbitre et l’égalité homme/femme et surtout considérer, a priori, que toute culture est bonne.
Léon constate que chaque rappel des règles de la laïcité est de nos jours interprété comme un acte de mise en cause d’une coutume religieuse ou culturelle et …les communautés de tout bord d’entamer le choeur des outragés. Le trés récent PV dressé par la Police française pour des raisons de sécurité à une conductrice vêtue de la burqa a déclenché une plainte pour ségrégation et ce n’est pas fini! Cet été, le Mimile français en tongs et marcel au volant de sa 2 cv 1962 va t il pouvoir en faire autant! A Marrakech, bien entendu!
Alors comment vivre ensemble au Canada, en France et ailleurs ? Je vous laisse lire l’article de Léon et lui et moi accueillons bien volontiers vos commentaires.
La laïcité relève-t-elle aujourd’hui au Québec de la mélancolie ?
Plusieurs valeurs aux fondements de la société québécoise et qu’on croyait intouchables sont maintenant régulièrement critiquées au motif que leur stricte interprétation nuirait au respect dû à la différence de « l’Autre » venu d’un ailleurs culturel ou religieux. Citons entre autres, les critiques à l’encontre de la liberté d’expression (1), de l’égalité Homme/Femme (2) et de la séparation de l’Église et de l’État (3). Les critiques ne demandent évidemment pas l’abrogation de ces acquis enchâssés dans la charte des droits et libertés. Ils demandent simplement qu’on cesse de les considérer comme des absolus. Ce qui devient absolu, c’est l’exigence d’accommodement aux spécificités culturelles et surtout religieuses de « l’Autre ».
Que des islamistes décrient la parole libre, l’égalité Homme/Femme ou la séparation de l’Église et de l’État, n’a pas de quoi nous surprendre. Lorsqu’on tient pour sacré et nécessairement vrai un texte religieux, on est littéralement au-delà de toute raison. Mais que des intellectuels de renom comme Charles Taylor ou Daniel Weinstock en arrivent à relativiser l’importance des valeurs qui ont guidé l’émancipation des québécoises et des québécois au cours des 50 dernières années, voilà qui surprend et inquiète. Pourquoi en est-il ainsi ?
Je n’ai pas de réponse nette à cette interrogation. Peut-être ces intellectuels considèrent-ils ces « valeurs » comme culturellement marquées, honorables mais connotant du point de vue de « l’Autre » un occidentalisme arrogant et irrespectueux. Peut-être pensent-ils sincèrement qu’il n’y a rien de plus beau que l’arc en ciel multiculturel, et si cela implique une interprétation relativiste de la laïcité, de la liberté d’expression ou de l’égalité Homme/Femme, où serait le mal puisqu’aucun droit positif n’aurait été abrogé. Peut-être pensent-ils que cette mise entre parenthèses de ces valeurs occidentales ne serait que temporaire, le temps que « l’Autre » s’adapte à la culture du pays. Peut-être expriment-ils une forme de racisme inversé ; si des religions ou cultures n’ont toujours pas expurgé de leurs pratiques certains gestes barbares et déshonorants, soyons magnanimes et tolérons l’intolérable. Culpabilité ? Repentance ? Relativisme ? Racisme inverse caché ? Peut-être, peut-être, peut-être !
Viva Iny est psychothérapeute -psychanalytique et travaille auprès des populations migrantes au Québec. Elle a été formée à l’Ethnopsychiatrie et à la Clinique Transculturelle de l’Ecole de Bobigny (Pr Marie Rose Moro)
Cet article concerne l’expérience subjective que constitue le cancer du sein. Comment traverser cette maladie sans séismes psychiques, sans exclusion sociale et sans stigmatisation ? Comment maintenir son courage et sa créativité ? Comment ne pas se dérober face au réel, et ne pas se laisser écraser par la maladie ? Comment réaffirmer que le soi demeure, et ne deviendra pas un esquif balloté par la peur, la douleur et la démission ?
C’est en jouant et seulement en jouant que l’individu, enfant ou adulte, est capable d’être créatif et d’utiliser sa personnalité toute entière. C’est seulement en étant créatif que l’individu découvre le soi. De là, on peut conclure que c’est seulement en jouant que la communication est possible…” (D.W.Winnicott, 1975). Ce grand psychanalyste nous rappelle l’importance de l’activité ludique qui favorise la croissance, l’intégration psychique et, par là même la santé. La créativité favorise une prise en compte personnelle de la réalité extérieure, plutôt que simplement de la subir, en générant un espace intermédiaire qui mêle réalité psychique et réalité extérieure. L’art thérapie, par sa nature ludique, devient un espace transitionnel, où l’acte créatif de l’individu permet à celui-ci de réaffirmer son existence comme sujet de sa liberté et non comme simple corps victime de cancer. Dans le cas des femmes atteintes d’un cancer du sein, cet espace transitionnel permet de jouer avec les différentes réalités extérieures jusqu’à atteindre une cohérence relative de leur monde interne, jusqu’alors bousculé par les traumatismes liés au cancer. La valeur de la thérapie par l’art repose donc essentiellement sur la possibilité qu’elle offre de mettre en fonction un processus réparateur. Les ateliers s’articulent autour de différents moments (le passé, la vie avant le cancer, le vécu, le futur) et aide les femmes à établir une continuité entre ces différentes étapes de leur vie en attribuant un sens à l’expérience vécue. Les aspects psychiques plus difficiles à cerner, qui sont liés au désir, à l’estime de soi, aux troubles de l’identité et de l’identification, au maintien de la pulsion de vie sont aussi abordés. La production d’art devient ainsi un pont entre l’avant et l’après de la maladie, en actualisant ces indispensables mouvements d’allers et de retours entre l’histoire antérieure et les préoccupations actuelles de la femme au sein et de cet espace transitionnel et de la dynamique groupale.
L’annonce du cancer est d’abord vécue comme un séisme, un coup de tonnerre dans un ciel serein. C’est l’image d’un chaos au sein des cellules, d’un soudain désordre dans le cours de la vie. « On a perdu l’innocence du corps » (Clavreul, 1978). En effet, c’est l’identité qui est menacée. Plus tard, au cours de la maladie, la perception de soi sera remaniée (les traitements, les opérations mutilantes, les altérations physiques, la perte des cheveux, des cils et des sourcils), mais par-dessus tout, l’identité est menacée. Le corps à ces instants là, devient la totalité de l’identité, si l’on peut dire. Il en est le garant, le siège, la manifestation. Or le corps est attaqué, « L’angoisse est au cœur du soma », figurée par le cancer, elle altère ce sentiment de continuité de soi (Winnicott, 1958), ce sentiment d’être soi-même, ce fil retissé en permanence entre notre monde interne et l’impact avec la réalité.
Suite au trauma initial de l’annonce du cancer et de sa présence irréfutable l’expérience peut devenir et pour moi elle devint un voyage initiatique. Au départ, le trauma est conçu en tant que processus de métamorphose, plus précisément, un phénomène à la fois structurant, destructeur et constructeur. Cette conception se distingue de la vision médicale classique associant uniquement le trauma à un vécu débilitant et handicapant. Par exemple, comment vais-je surmonter cette grosse fatigue émotionnelle suite aux traitements ? L’angoisse de la mort me rend hyperactive. Je vis intensément, je roule à cent mille à l’heure. Cette course folle vise à évacuer l’angoisse et toute complexité dans la mesure ou celle-ci me confronte inéluctablement à la souffrance et à la mort. Je ne goûte plus à la vie. Il faut ralentir mon rythme sinon je risque de m‘effondrer. Lire le reste de cet article….
Leur mépris du peuple et de la démocratie y précipitera l’Europe
(Réflexions à partir du référendum suisse)
Préambule
Léon Ouaknine m’envoie régulièrement des textes qu’il écrit notamment sur » la bienpensance« . Ses textes sont le reflet de sa réflexion personnelle et sont travaillés de manière sérieuse et au mot prés, avec des références bibliographiques. C’est pourquoi, je les publie sur mon blog mais aussi parce qu’il me semble que ses textes nous permettent d’aborder de manière intelligente des faits politico-socio-culturels actuels et sans frontières. Sans frontières se lit dans les deux sens : sans frontières géographiques et sans frontières mentales; cette posture courageuse permet la mise en lumière (comme la révélation d’un négatif photographique) d’attitudes et de comportements de nos élites « politico-intellectuelles » qui ne paraissent pas très « éthiques », dans le sens : « Je me précipite pour dire n’importe quoi » ou » Je me crois le porte-parole et influenceur du politiquement correct » ou bien encore « Je surfe sur la vague du sensationnel et je leur donne ce qu’ils veulent entendre » . Je remercie Léon de sa franchise et de sa lucidité qui nous ouvre l’appétit non pas avec du pré-digéré sans analyse mais avec des ingrédinets frappés au coin du bon sens. Merci de bien vouloir apporter des commentaires et des contre-arguments. Mon blog est, avant tout, un espace de discussion.
Merci
Guy Lesoeurs
Les faits
Les suisses ont approuvé à 57.5% le 29 novembre 2009, l’interdiction de construire de nouveaux minarets en Suisse. Personne ne s’étonnera que le résultat sans équivoque de ce référendum ait créé un énorme choc ; il a tracé une ligne de démarcation entre les tenants du refus d’une islamisation rampante de la Suisse et les hérauts du refus de tout ce qui pourrait apparaître comme stigmatisant l’islam. La ligne de démarcation traverse la Suisse, elle traverse aussi chaque pays européen. Sans prendre position sur le résultat du référendum, celui-ci nous offre une occasion unique de réflexion sur sa signification pour la Suisse et plus largement pour les pays de l’Union européenne et même pour l’occident.
Les faits sont simples, la Suisse permet dans le cadre de sa constitution, l’exercice limité de démocratie directe au moyen du référendum à initiative populaire ; il suffit d’une pétition d’au moins 100.000 personnes provenant d’une majorité de cantons pour que l’État fédéral organise un référendum national dont l’issue aura valeur constitutionnelle si une double majorité de la population et des cantons répond favorablement à la question soumise. La question ici portait sur l’interdiction de la construction de minarets et non pas sur la liberté religieuse ou la liberté de construire des mosquées. À peu près toutes les élites politiques et intellectuelles de la Suisse appelèrent à voter contre la demande d’interdiction en la qualifiant de honteuse, d’immorale et de contraire aux droits de l’homme ; plusieurs cantons refusèrent même l’autorisation aux initiateurs du référendum d’apposer leurs affiches dans leurs lieux publics.
Dès que le résultat fut connu, il y eut un déchainement de passions pour et contre.
Du coté des applaudissements, il faut distinguer trois types de réactions : a] La réaction des partis d’extrême droite ouvertement anti-musulman, accueillant le vote suisse comme un exemple à émuler en France, en Angleterre, en Italie et ailleurs. b] La réaction des démocrates et des laïcs qui trouvent inique le refus islamiste des obligations découlant des chartes des droits et libertés, au premier chef, la reconnaissance de l’égale dignité de la femme et de l’homme. c] Enfin, la réaction quasi générale des peuples de l’Union Européenne, qui jugent inacceptable que le nouveau-venu musulman exige que la société d’accueil se transforme pour accommoder sa différence et non l’inverse. Il faut ajouter que les sondages suite à la votation suisse indiquent que face à la même question, ces peuples européens voteraient dans le même sens que les suisses.
Du coté de l’indignation, on doit noter une large vague de protestations de leaders gouvernementaux des divers pays de l’Union, de la majorité des intellectuels de gauche, d’organisations internationales comme l’ONU et l’OCI[1], accusant le peuple suisse de racisme, demandant que le vote soit annulé juridiquement par la cour européenne des droits de l’homme et exigeant en sus que les suisses revotent. Certains éditoriaux allant même jusqu’à questionner le principe de démocratie directe qui donne au peuple un pouvoir exécutif réel, sans passer par les filtres des processus délibératifs chargés habituellement de tempérer les points de vue jugés illégitimes ou trop extrêmes au regard des normes civilisées. Le ton fréquemment hystérique des vitupérations, sous-entendant parfois qu’on assistait à une préfiguration de nouvelles lois de Nuremberg, laissait croire qu’on avait soudainement aboli des droits fondamentaux et ouvert la voie à la chasse aux musulmans. Comme il fallait s’y attendre, les parangons de la tolérance de l’Autre, de la démocratie et du respect scrupuleux des droits de l’homme, que sont l’Arabie saoudite, la Lybie[2], l’Egypte, l’Iran, la Turquie et quelques autres ont menacé directement ou indirectement la Suisse de graves conséquences[3] si elle n’annulait pas cette décision. À ce concert, le chef d’orchestre du double langage islamiste en Europe, le suave et très médiatique Tarik Ramadan a pour une fois exprimé ouvertement son appréhension en déclarant que ce vote était catastrophique. Bien entendu, presque toute la classe politique bienpensante européenne a emboité le pas aux admirables démocraties arabes et musulmanes, se faisant l’écho des ténors habituels de la bienpensance dans leur charge anti-suisse, tels les Daniel Cohn-Bendit et Bernard Kouchner. Vu la quasi unanimité des élites politico-médiatiques et de l’intelligentzia dans leurs charges à l’encontre de la position majoritaire du peuple suisse, on doit s’interroger : ‘le peuple suisse aurait-il commis un acte illégitime par delà sa légalité ?’
Sur quoi se fonde la légitimité de certaines élites ?
En démocratie, peu importe la position sociale ou le niveau d’éducation du citoyen, la règle d’or, ‘un homme, un vote’ proclame que chacun a un égal droit politique à participer aux décisions qui affectent la cité. Les constitutions codifient ce droit et assurent également que la majorité ne pourra pas tyranniser la minorité pour ce qui touche aux droits fondamentaux. Le peuple s’exprime indirectement au travers de ses représentants (devrais-je dire malgré les travers de ses représentants ?) ou au moyen de référendum. Bien qu’en démocratie, il n’y ait pas d’autre légitimité formelle que celle du peuple, Il existe toutefois un courant informel de pensée parmi de larges secteurs des élites intellectuelles et politiques, laissant entendre, qu’elles seules, de par leur statut d’élites, sont porteuses de la légitimité réelle, parce qu’elles seules disposent du savoir et des habiletés nécessaires pour assumer le destin des nations. C’est à partir de cette conviction susurrée mais interdite de formulation explicite que les élites imputent au système de référendum d’initiative populaire un caractère populiste et donc forcément démagogique, le peuple trop passionnel n’étant pas à même de maitriser la complexité des choses. Pour ces élites intellectuelles et politico-médiatiques, le référendum bien que légal est toujours illégitime sauf lorsqu’il vient conforter leurs choix. L’idée que des élites possèdent une légitimité intrinsèque n’est pas nécessairement fausse ; la question est de savoir quelles élites en disposent et lesquelles n’en disposent pas. Précisons immédiatement que nous entendons ici par élite, les représentants d’un champ particulier de l’activité humaine, ceux qui parlent avec autorité au nom de la profession qu’ils exercent. Cette définition ne renvoie pas à la notion classique économique, elle est délibérément restrictive et ne s’applique qu’à ce qui est abordé dans cet article.
Lorsqu’une élite, n’importe quelle élite s’exprime dans le cadre naturel de son domaine d’exercice, elle le fait en arguant de sa plus grande expertise ou plus grande légitimité que son contradicteur. Il est important de bien comprendre ce mécanisme. Parfois, l’affirmation est objectivement fondée, parfois elle est une manifestation crue de l’exercice du pouvoir, parfois elle relève du discours idéologique manipulateur. Nous sommes naturellement amenés à penser qu’en toutes choses, il y a des gens qui sont plus savants que d’autres dans leurs spécialités et qu’ils peuvent et doivent indiquer la voie correcte pour résoudre les problèmes qui surgissent. Lorsque nous sommes malades, nous ne questionnons pas sérieusement l’idée que le médecin se dit plus qualifié que nous pour savoir quoi faire pour alléger nos souffrances, de même qu’il ne viendrait à l’idée de personne que les plans techniques d’un gratte-ciel soient approuvés par référendum communautaire plutôt que par des architectes et des ingénieurs. Notre société est complexe et se distingue par l’extrême spécialisation des tâches et donc des connaissances nécessaires à son fonctionnement. Dans leurs domaines, les spécialistes, qu’ils soient médecins ou conducteurs d’autobus parlent avec autorité et leurs avis ne peuvent être contestés que par leurs pairs. La question fort légitime de savoir si le spécialiste fera prévaloir ses intérêts personnels ou corporatistes sur l’intérêt général en manipulant la vérité, trouve sa réponse dans l’existence de pratiques vérifiables ou dans des connaissances reconnues comme vraies. Ces professionnels techniques jouissent donc d’une légitimité évidente parce qu’elle repose sur des bases objectives, la pratique de la conduite de gros autobus ou les connaissances scientifiques de la biologie de l’être humain. Si toutes les activités humaines reposaient sur des bases objectives et scientifiques, ce serait idéal. La réalité est plus complexe. Le fait qu’il y ait des disciplines où les professionnels savent mieux que le commun ce qui est vrai ou ce qui est nécessaire[4], n’implique pas par extension qu’il en soit ainsi partout.
Les élites politiques et intellectuelles qui font métier de dire le bien et les règles du vivre-ensemble sociétal, sont-elles porteuses d’une doxa dont la légitimité les exempterait du jugement du peuple ?
Les politiciens professionnels, spécialistes de la conduite des sociétés, possèdent-t-ils un savoir objectivement fondé, leur permettant légitimement de savoir mieux que le peuple ce qui est bon pour le peuple ? Peut-on dire dans la même veine que les élites intellectuelles qui souvent se présentent comme les maîtres à penser de toute une génération, voire de deux ou trois, disposent d’une lucidité hors du commun leur permettant de dire en tout temps et le bien et le vrai ? La réponse aux deux questions est un ‘non’ clair et définitif. François Mauriac s’étonnait en 1967, du « sacerdoce » que s’attribuent les penseurs qui, disait-il, revendiquent « le droit d’enfler la voix au nom de la conscience humaine comme s’ils en étaient l’incarnation »[5] Rappelons-nous cette époque encore si proche que décrit la revue chrétienne « Permanence », « Or, comment oublier qu’à quelques rares exceptions près, l’establishment intellectuel fut en France complice du totalitarisme le plus tyrannique que le monde ait connu : le communisme. Que des intellectuels de grand renom – dont la responsabilité paraît d’autant plus grande que leur talent était incontestable et leur influence considérable de par le monde – se firent les apologistes ou les propagandistes zélés de la barbarie communiste en URSS, en Europe de l’Est, à Cuba, au Vietnam, au Cambodge… Que certains ont osé nié ou se sont efforcés d’occulter les crimes dont ils avaient connaissance, que d’autres ont tenté de les justifier et que le plus grand nombre s’est contenté de se taire en détournant pudiquement le regard… A tous ceux-là on est tenté de poser la question qu’en 1945 un procureur chargé de l’épuration lançait à Robert Brasillach (qui fut exécuté pour ses écrits antisémites et collaborationnistes) : « de combien de crimes serez-vous le responsable intellectuel ? » »[6]. Aujourd’hui, on est de nouveau en droit d’interpeller l’élite intellectuelle dans sa complaisance vis-à-vis des fossoyeurs de la liberté de conscience, lorsque sous couvert d’antiracisme et de refus de l’islamophobie, ils ne dénoncent pas les horreurs de Durban II ou qu’ils fustigent le vote suisse à l’instar de Cohn-Bendit. Quant aux élites politiques, elles ont chanté pendant des décennies auprès des peuples européens, la nécessité absolue de ce que j’appelle les trois grandes orientations interconnectées que sont, l’édification de l’Union européenne, la mondialisation (ou libéralisation des échanges commerciaux et des capitaux) et l’immigration. Légitimes ou pas, ces trois orientations dont on n’a pas fini de goûter aux conséquences, n’ont jamais fait l’objet de véritables consultations populaires, à l’instar du débat en France qui mena à l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans les écoles publiques. Cette décision[7] recueillit l’adhésion de 85% des français, garantissant de ce fait l’expression de la volonté nationale plutôt que celle des élites. Ce n’est pas ici le lieu où juger du bien fondé de ces grandes orientations, mais je suis sûr d’une chose, elles furent imposées aux peuples par les élites, que les peuples y adhèrent ou pas. Le processus de la construction européenne est de ce point de vue exemplaire. Rappelons brièvement qu’en France, la majorité des politiciens de gauche comme de droite avait invité les citoyens à voter dans le bon sens lors du referendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, signé par les chefs d’États le 24octobre2004. Après les échecs des référendums français et hollandais, une nouvelle mouture, laissant quasiment intactes les principales dispositions de la proposition initialement rejetée, refit surface sous la forme du traité de Lisbonne du 13 décembre 2007. Cette fois, partout où les gouvernements pouvaient éviter l’obligation référendaire, ils l’ont fait, préférant l’adoption par leur parlement, pour éviter le verdict du peuple, ce que fit sans honneur la France. Même David Cameron le leader tory du Royaume Uni qui avait juré que ce traité ne serait adopté que si le peuple y consentait par référendum, a trouvé une échappatoire pour se soustraire à ses engagements. Cette incassable conviction des élites politico-médiatique, qu’elles sont plus que le peuple porteuses de légitimité quant au devenir de l’Europe, trouve sa plus parfaite expression dans les propos de Cohn-Bendit et de Kouchner à l’occasion du crime de lèse-bienpensance du peuple suisse.
Les réactions de Cohn-Bendit et de Bernard Kouchner, exemples emblématiques de la pensée unique des élites politiques et intellectuelles européennes.
Tout d’abord, soulignons que ces deux leaders font partie depuis des lustres de l’intelligentzia européenne et de l’élite politique européenne, car si Cohn-Bendit, célèbre pour sa participation très médiatisée aux évènements de mai 68 en France, n’a jamais occupé de fonctions ministérielles, son influence au titre d’intellectuel et de député européen et chef des verts n’a pas été absente des calculs politiques des gouvernants de France et d’Allemagne, les deux poids lourds de l’Europe. Quant à Kouchner, un ancien fondateur de Médecins sans frontières, ex ministre socialiste et présentement ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, son influence politique et médiatique est grande, non seulement en Europe mais également sur la scène internationale, ayant été le représentant de l’ONU chargé de gérer le Kosovo jusqu’à l’accession de celui-ci à l’indépendance. Bref, plus élites intellectuelle et politique que Cohn-Bendit et Kouchner, on meurt.
Suite à la votation suisse, Daniel Cohn-Bendit a proféré deux énormités, d’abord en enjoignant aux Suisses sur un ton péremptoire « qu’ils devaient revoter[8] ! » et en appelant de ses vœux des réactions musclées contre les suisses, « L’Arabie saoudite et les autres déposants doivent retirer leurs fonds des banques suisses[9] ». Le cri du cœur de Cohn-Bendit en dit long sur son respect pour la démocratie. Le peuple suisse a parlé dans le respect intégral de sa constitution, mais le résultat déplait, le peuple doit donc revoter. Qu’arrivera-t-il si le peuple réitère ce qu’il a déjà dit ? Le démocrate Cohn-Bendit a pointé du doigt ce qu’il fallait faire pour empêcher l’inconcevable ; tout simplement appeler au secours de la bienpensance européenne, le shérif aux gros muscles financiers, l’Arabie saoudite ! Il supplie celle-ci de retirer ses fonds des banques suisses. Entendons-nous, il s’agit bien de l’Arabie saoudite, cet exemple lumineux de démocratie et de respect des droits de l’homme, qui a récemment condamné à 90 coups de fouet une jeune fille qui s’était faite violer par plusieurs hommes au motif qu’elle roulait en voiture avant le viol avec un homme qui n’était ni son père ni son mari. Il s’agit bien de l’Arabie saoudite dont le même tribunal a accru la peine de la jeune fille de 90 à 200 coups de fouet parce qu’elle avait eu l’audace de faire appel de cette décision[10]. Il s’agit bien de l’Arabie saoudite qui il y a encore quelques années annonçait dans ses sites internet que le pays était interdit aux juifs. Daniel Cohn-Bendit a méchamment déraillé et Nicolas Sarkozy, plus astucieux, a trouvé de meilleures formules pour exprimer l’essence de la bienpensance dans un éditorial publié récemment dans le journal Le Monde, lorsqu’il parle de la souffrance réciproque de ceux qui arrivent et de ceux qui accueillent, comme si celui qui arrive avait un droit naturel à exiger que le pays qui l’accueille se conforme à son image et à son identité de musulman. Quant à Bernard Kouchner, il déclare être « un peu scandalisé ». Le ton est un peu plus prudent, on le comprend après la raclée publique qu’il a reçue, lorsqu’il avait fait sa sortie outragée contre la décision des suisses, encore eux, qui avaient osé arrêter son ami, le cinéaste Roman Polanski pour le viol d’une petite fille de 13 ans, erreur insignifiante et remontant à tant d’années ; comme son collègue ministre Fréderic Mitterrand, il trouvait scandaleux qu’on vienne ainsi importuner un aussi célèbre créateur !
Comment interpréter cette votation suisse ? Bien évidemment, au-delà des minarets, simple prétexte, c’est la constatation de l’insolubilité de l’islam dans la démocratie et encore plus de son incompatibilité[11] avec la laïcité, qui fait problème. Mais il y a autre chose, on ne secoue pas impunément des identités enracinées chez elles depuis des millénaires. Si pour certaines élites l’idée de nation est nauséabonde, elle demeure pour l’immense majorité des citoyens, un besoin charnel, car elle est le véhicule premier de l’identité, d’autant plus nécessaire que la mondialisation vise à transformer le citoyen en simple consommateur et désavoue de ce fait son besoin d’enracinement culturel et identitaire. Nier cette soif identitaire est aussi absurde que de prétendre que le vivre-ensemble peut s’accommoder de propositions aussi mutuellement exclusives que la liberté d’expression et l’islam. Mais je ne veux pas caricaturer les positions des élites, elles ne sont pas toujours et nécessairement arbitraires ; en fait, elles partent souvent de bons sentiments, quelquefois honorables et il est important de comprendre ce qui les fonde. A l’issue de la deuxième guerre mondiale, les leaders politiques et intellectuels de l’Europe ont voulu l’unification du vieux continent pour empêcher la répétition des horreurs passées et assurer sa reconstruction rapide. C’était un objectif louable et pour le réaliser, l’Europe a importer de la main-d’œuvre provenant majoritairement des anciennes colonies et de la Turquie et ouvert en grand les vannes de l’immigration sans mesurer l’immensité des effets non prévus. Or, l’arrivée très rapide de millions d’immigrants musulmans sans un véritable processus d’intégration respectant l’identité des pays d’accueil était une véritable folie. Les élites ont procédé parce qu’elles considéraient que leur consensus ne requéraient pas celui des peuples, et parce que pour reprendre les termes de Christopher Caldwell, l’auteur de Reflections on the Revolution in Europe: Immigration, Islam, and the West[12]« Les politiques libérales d’immigration (européennes) reposaient sur des obligations morales non sujettes au vote ». Il eut mieux valu que les peuples votent car cela aurait probablement permis de ralentir les flux migratoires et faciliter de ce fait une meilleure intégration. Au-delà de son souverain mépris du peuple, l’élite a montré un tel déficit d’intelligence quant aux conséquences à long terme de ses actions, que l’idée d’une quelconque prétention à savoir mieux que le peuple ce qui est bon pour le peuple, en devient risible. Malraux écrivait déjà le 3 juin1956, les lignes prémonitoires[13] suivantes «C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l’origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations patronales ou ouvrières n’ont trouvé la réponse. De même aujourd’hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l’islam »
Il reste à expliquer le divorce de perceptions quant au ressenti identitaire entre les peuples et leurs élites politiques et intellectuelles. Ce divorce repose d’abord sur les nouvelles tables de la loi de la bienpensance des élites – bons sentiments, conscience malheureuse de l’occident, culpabilité, relativisme culturel menant au cul de sac du multiculturalisme, racisme inversé qui fait rendre acceptables les horreurs commises au nom de l’islam mais inacceptable la détermination israélienne[14] à continuer d’exister, tolérance molle qui accepte tout et n’importe quoi[15], diabolisation de ceux qui en France, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, au Danemark et ailleurs, réclament que la laïcité réoccupe les territoires perdus, etc. Ce divorce repose ensuite, au-delà du vade mecum de la pensée unique, sur le constat que les élites ne vivent pas dans le même monde que le commun. Elles vivent dans une bulle, celle des beaux quartiers, elles vont de think-tank en chargé de mission ministérielle, de conférences en colloques internationaux, heureuses de se penser porteuses de l’universel, alors qu’elles ne portent que leurs intérêts particuliers, elles circulent en voiture, pas en métro, elles ne subissent jamais les agressions verbales et pires auxquelles s’exposent dans les cités de banlieue, les jeunes filles musulmanes qui refusent de se voiler. L’indécrottable conviction des élites politiques d’avoir toujours raison contre la vox populi les conduit évidemment à un refus de la démocratie ; elles préparent ainsi le lit où l’Europe va devoir se coucher. L’avenir s’annonce sombre, car comme le dit avec justesse Ross Douthat[16], un éditorialiste du New York Times «du fait de la folie de ses leaders, qui ont décidé de tout sans consulter leurs concitoyens, l’Europe a raison d’avoir peur et ce pour encore de longues années »
Léon Ouaknine
Essayiste, Membre du Conseil Interculturel de Montréal
12 décembre 2009
[1] Organisation de la Conférence Islamique regroupant les 57 pays musulmans de la planète.
[2] Le dictateur libyen, Kadhafi a même récemment demandé à ce que la Suisse soit dissoute, suite à l’arrestation de son fils pour coups et blessures infligés à ses domestiques.
[3] La Suisse a renforcé la protection de ses ambassades et consulats dans tous les pays musulmans, craignant une répétition de l’hystérie qui suivit la publication des caricatures danoises.
[4] Ce qui ne veut pas dire par exemple que face à l’expertise du médecin, un patient n’ait pas le droit de refuser un traitement pour des raisons qui ne regardent que lui. La décision du patient doit être respectée même si la prescription du médecin est objectivement fondée quant à son objectif vis-à-vis de la maladie.
[5] François Mauriac, « Mémoires politiques », Grasset 1967
[10] Devant les réactions internationales, le roi d’Arabie saoudite avait suspendu les coups de fouet.
[11] Le 10 janvier 2008, quatre cents organisations musulmanes ont adopté une charte islamique européenne qui précise, entre autres : « Lorsque les lois en vigueur s’opposent aux pratiques et règles islamiques, les musulmans sont en droit de s’adresser aux autorités pour expliquer leurs points de vue et exprimer leurs besoins. » Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire, sinon annoncer des demandes de dérogation à la loi publique et pourquoi pas la désobéissance civile pouvant mener aux fatwas terroristes.
[12]«That liberal immigration policies “involve the sort of nonnegotiable moral duties that you don’t vote on.” Christopher Caldewell. Reflections on the Revolution in Europe: Immigration, Islam, and the West. New York, Doubleday, 2009
[13] André Malraux, 3 juin 1956, dans Dossier : Un siècle religieux, paru dans Valeurs Actuelles n° 3395
[14] Ce qui n’excuse absolument pas la politique vis-à-vis des territoires occupés du gouvernement israélien
[15] La polygamie musulmane est devenue un problème en Suède, les mosquées radicales sont florissantes en Grande Bretagne, certains lieux publics en France sont littéralement annexés pour des prières communautaires le vendredi, avec barrières érigées pour bloquer la circulation, etc.