Tiré d’un texte de Corinne Arnould de l’Association Paroles de Nature
La déforestation est une réalité quotidienne pour les dernières communautés indiennes d’Amazonie : elle représente la mort de leur milieu de vie et la fin de leur culture. Parmi les causes, figure en bonne place l’exploitation du pétrole.
Face à l’avancée des compagnies le peuple indien Kichwa de Sarayaku, en Equateur, a choisi de faire face. Depuis plusieurs années, il refuse obstinément toute pénétration sur son territoire afin de préserver son héritage naturel et culturel. Le projet de ce peuple a ainsi une portée universelle ; son ambition est la valorisation de ses traditions, de son mode de vie, de ses croyances, de sa culture…
Les menaces persistent : le 8 mai 2009, le Ministère des Mines et du Pétrole Equatorien a notifié la reprise des opérations d’exploitation des hydrocarbures dans les blocs 23 et 24 incluant les territoires du peuple Kichwa de Sarayaku et des communautés Achuar et Shuar de la Région Amazonienne.
Inspiré par les Yachaks (shamanes), le projet « Frontière de Vie » est la création sur le pourtour du territoire de Sarayaku, 300 kms de long et 135 000 hectares de forêt primaire d’une immense frontière d’arbres à fleurs de couleurs. Un symbole à valeur universelle émergera ainsi lentement de la forêt amazonienne, vivante incarnation du désir universel de paix et de protection de la Terre. Ce sera le message de tout un peuple, élan vital, expression de sa volonté farouche de préserver son mode de vie, mais aussi, de créer avec nous une vaste solidarité planétaire.
Une analyse réaliste de l’évolution des perspectives politiques et démographiques actuelles concernant les forêts primaires tropicales aboutit à la triste conclusion que, si rien n’est fait, leur destruction généralisée est, à terme, inéluctable. L’exploitation forestière forcenée et l’extension de l’agriculture en sont les principales causes. Le déplacement et l’acculturation programmée des peuples autochtones, fins et légitimes connaisseurs des écosystèmes forestiers, nous prive du précieux savoir dont ils sont détenteurs.
Dix à vingt millions d’hectares de forêt amazonienne disparaissent chaque année. Disparition sans retour, car on ne sait pas reconstituer un écosystème forestier complexe.
Les peuples de la forêt sont les premières victimes de la destruction de leur environnement. Autrefois nomades, chasseurs et cueilleurs, leur prélèvement sur les ressources naturelles s’est toujours inscrit dans le respect des équilibres vitaux. Aujourd’hui, la modernité arrive avec tout le cortège des maux de notre civilisation. Perte d’identité, acculturation, alcoolisme, dislocation des cellules familiales et sociales sont ainsi devenu les maux quotidiens des hommes de la forêt. Quelques uns, cependant, ont décidé de réagir et de construire.
En attendant une prise de conscience globale de l’importance vitale que revêt la préservation des forêts primaires et des cultures qu’elles abritent, les initiatives de sauvegarde de ces patrimoines émanent d’associations qui luttent pour ne pas laisser se rompre les fils qui relient l’homme à la nature. Leur mission est d’importance.
Peut-être, grâce aux associations citoyennes, verrons-nous un jour un chamane amazonien couronné par un prix Nobel, au nom de sa tribu et de ses ancêtres, pour l’ensemble de ses connaissances botaniques et la sagesse des relations écologiques qu’il entretient avec son milieu. www.parolesdenature.org
Sarayaku, peuple de l’Amazonie équatorienne, lutte depuis 20 ans contre la destruction de son territoire et de sa culture par les compagnies pétrolières
• Leurs droits élémentaires sont bafoués: violences extrêmes contre les personnes, destruction du territoire,…
• Leur situation est emblématique des enjeux du pétrole : jusqu’où sera t-on capable d’aller pour sauvegarder notre mode de vie ?
• Ses dirigeants sont placés sous protection d’Amnesty International ; la cause de Sarayaku a été validée par la cour Inter-Américaine des droits de l’homme
• Le projet de ce peuple a ainsi une portée universelle ; son ambition est la valorisation de ses traditions, de son mode de vie, de ses croyances, de sa culture.
Sur RFI une émission sur Sarayaku …
Il est possible de télécharger le lien vers le fichier audio
Lien coté droit de la page :
http://www.rfi.fr/contenu/20091125-2-sarayaku-peuple-contre-le-petrole
Dernière minute : Copenhague : le Parlement Européen adopte l’amendement 62 concernant le droit de propriété collective et autonome des peuples indigènes.
De Rio à Copenhague, les dirigeants des pays ont tenté d’adopter des mécanismes permettant de limiter le changement climatique ce qui a entraîné des impacts négatifs sur les populations autochtones, peu ou mal reconnues dans leurs pays respectifs. L’essor des bio-carburants, par exemple, augmente la déforestation massive amazonienne pour des cultures intensives de colza. Ainsi, sous le prétexte de protéger la planète, des expropriations, des déplacements de populations hors de leur lieu de vie, la constitution de réserves sont monnaie courante. Ce qui est le plus important : que les peuples autochtones soient consultés dans de vraies discussions pour organiser l’espace et leur permettre de gérer l’environnement avec les Autorités.
« L’obligation imposée aux Etats d’organiser des consultations démocratiques des peuples autochtones lors la mise en place de projets sur leurs territoires s’est trop souvent conclue par de vastes fumisteries. Notre amendement pourra, nous l’espérons, permettre aux peuples autochtones de décider eux-mêmes de quels projets environnementaux ils souhaitent créer sur leurs territoires. » (Députée Européenne Catherine Grèze).