Le crime de la renarde, roman de Michèle Lajoux aux Editions Le Cherche Midi, 143 pages, sortie en librairie prévue le 12 janvier 2012
Après Puisque c’est la vie (2009), récit autobiographique et Le Guetteur du Midi (2011) grande fresque historique de la fin du XVIe siècle, Michèle Lajoux réussit avec le roman Le crime de la renarde un véritable coup de maître. L’historienne s’affirme comme une romancière hors pair, que l’on peut qualifier d’intimiste tant son écriture souple, directe et précise fait sortir ce qui est enfoui, bloqué, enchâssé au cœur du personnage qu’elle met en scène.
Dans sa cellule pénitentiaire où elle purge une peine de vingt cinq ans pour infanticide, Cendrine couche sa vie sur des cahiers sur les conseils de sa psy. Le lecteur prend, comme une douche incessante, le flot de cette langue venue de l’inconscient et qui progresse à coups d’association d’idées et sans émotion de la prisonnière. Mais le lecteur est loin d’être noyé, il est emporté par les mots.
Les mots. Enfin adulte, Cendrine joue avec l’écriture des mots qu’enfant elle n’a jamais su maîtriser comme d’ailleurs sa vie. « Je sentais comme un vertige devant les mots, ils étaient trop nombreux, je ne savais jamais lesquels choisir. Quand j’étais enfant, ils voletaient au dessus de ma tête, comme des papillons que je ne réussissais pas à saisir».
Dans sa cellule, Cendrine fait « de jolies phrases, tout doucement sans me presser pour ne pas casser le fil. […] les souvenirs sont des fils d’araignée, si on tire trop fort ils cassent mais ensuite on en retrouve des bouts collés partout, emberlificotés dans les méandres des galeries du cerveau».
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