La profession de psy n’est pas nouvelle. Le problème est que tout le monde, du guérisseur autoproclamé au psychiatre dûment diplômé en passant par la diseuse de bonne aventure, l’astrologue et bien entendu par le psychologue et le psychanalyste, s’occupe avec plus ou moins de sérieux et de compétences de vos angoisses et votre état mental.
Vous avez sans doute pensé à vous faire aider psychologiquement. Mais à qui s’adresser? Comment s’y retrouver?
Extrait d’un dialogue avec une patiente un peu perdue dans le brouhaha sur les psy quand le Pr Marcel Rufo, pédopsychiatre reconnu et médiatique cohabite dans « Femme actuelle » ou « Psychologies magazine » aux côtés de Claude Halmos, psychanalyste bien connue, Boris Cyrulnik, Serge Tisseron, Christophe ou Jacques André, Philippe Brenot psychiatres écrivains et…Brigitte Lahaie ancienne hardeuse et sexologue radiophonique…en passant par le sofa de Miller, psychanalyste « ruquierien » et le pseudo-divan d’un animateur TV jusqu’à la plaque du psy de quartier.
A quelle personne faire confiance pour parler de ses petits et grands problèmes personnels ou de couple?
Dans la jungle des thérapies de tout type (j’exclus les gourous, les marabouts, les cartomanciennes, les Professeurs Mamadou des petits annonces ou les promoteurs de manipulations mentales ou corporelles qui se servent comme axiomes de l’énergie universelle, l’approche quantique…ou d’un décodage pseudo-biologique; je n’ai rien contre mais quand même soyons sérieux!) comment s’y retrouver?
Certes, ce sera, avant tout, la rencontre avec une personne mais quelle qualification? Quelles garanties de sérieux et de professionnalisme? Quelle éthique et quelle déontologie?
Dans tous ces noms compliqués on est perdu: psychologue, psychiatre, psychothérapeute, psychanalyste et maintenant le psycho-praticien .. comment les distinguer?
Il est vrai que ce n’est pas facile! Clarifions un peu en distinguant 5 catégories.
1.Le psychiatre est un professionnel de santé, il est titulaire du diplôme de docteur en médecine et il est le spécialiste de la santé mentale. Il peut prescrire des médicaments. Ses consultations sont remboursées par la CPAM et les Mutuelles. S’il est psychothérapeute agréé, il peut prendre en charge des patients en psychothérapie. S’il est psychanalyste (il doit avoir suivi une cure analytique et être inscrit dans une société psychanalytique), il peut conduire des cures psychanalytiques qui normalement de sont pas remboursées.
2. Le titre de psychologue est reconnu par l’Etat et protégé par la loi. Le psychologue est titulaire d’un diplôme universitaire (Master 2 /DESS). Il n’est pas médecin et ne peut prescrire de médicaments. A l’heure actuelle, aucun acte effectué par un psychologue n’est remboursé par la CPAM sauf s’il est reconnu par l’ARS et fait partie d’une expérimentation dans 4 départements. Certaines mutuelles peuvent rembourser un forfait de consultations psychologiques effectuées par un psychologue clinicien.
3. Le titre de psychothérapeute est reconnu par l’Etat. Il est réservé aux médecins qui ont accompli une formation psychothérapeutique, aux titulaires d’un Master 2 dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse et qui ont suivi une formation en psychopathologie clinique. Les psychothérapeutes sont inscrits au registre national des psychothérapeutes et agréés par l’Agence Régionale de Santé de leur département avec un numéro ADELI. Ce sont des professionnels de santé. Le remboursement des séances peut être accepté, sous forme de forfait, par les mutuelles. Le psychothérapeute, afin de justifier ce titre, doit avoir obtenu l’agrément par l’ARS de son département. A l’heure actuelle, aucun acte effectué par un psychothérapeute n’est remboursé par la CPAM sauf s’il est reconnu par l’ARS et fait partie d’une expérimentation qui a lieu dans 4 départements (13,31, 40, 56). Aucune personne non agréé par l’ARS ne peut prétendre au titre et à la mention de psychothérapeute. Il y a donc lieu de demander son numéro ADELI à votre psy pour s’en assurer.
4. Le titre de psychanalyste n’est pas reconnu par l’Etat. Il est donc libre. Cependant, prétendre être psychanalyste relève, en fait, d’une exigence personnelle très élevée. Un psychanalyste a obligatoirement effectué une cure analytique personnelle longue (au minimum 5 à 6 ans) auprès d’un psychanalyste chevronné, une analyse dite didactique auprès d’un psychanalyste didacticien. Le psychanalyste doit avoir été formé à la théorie et à la pratique psychanalytiques par un institut de formation reconnu. Il doit être validé par ses pairs en tant que psychanalyste (passage devant un jury) et, par conséquent, être membre, régulièrement inscrit, d’une institution psychanalytique reconnue dont il s’engage à suivre le code déontologique. Le psychanalyste qui remplit les critères énoncés plus haut peut être médecin, psychiatre, psychologue ou venir d’un autre univers. Un psychanalyste installé doit suivre une supervision régulière et pouvoir la justifier auprès d’un psychanalyste senior.
Un psychanalyste qui n’aurait pas suivi une cure analytique longue, ni une analyse didactique, qui n’aurait pas été formé à la psychanalyse dans un institut reconnu, qui ne serait pas inscrit dans une institution psychanalytique sérieuse après après avoir été reconnu comme tel et qui ne serait régulièrement supervisé ne peut éthiquement pas prétendre à exercer en tant que psychanalyste et suivre des patients en cure analytique. Dans sa présentation et sa documentation son affiliation doit être dûment mentionnée.
5. Autres appellations dont celle de psycho-praticien, d’ hypno-thérapeute, art-thérapeute, coach de vie etc.
Aucune des appellations mentionnées ci-dessus ne sont reconnues par l’Etat. Elles font allusion à des pratiques à visée psychothérapeutiques de soutien, de coaching, de développement personnel (Il en existe plus de 400!) qui peuvent être légalement mentionnées comme psychothérapies (sans toutefois pouvoir faire référence à la profession de Psychologue, de Psychiatre ou de Psychothérapeute). Ces appellations dépendent d’institutions privées qui forment les praticiens à leurs méthodes. C’est ainsi que l’on trouve des coachs de vie, des hypno-thérapeutes, des art-thérapeutes, des psycho-praticiens de diverses méthodes comme celles d’inspiration analytique, P.N.L, Analyse Transactionnelle, thérapie humaniste, systémique etc.). Compte tenu de la restriction légale apportée par la Loi au titre de psychothérapeute, nombre de « psy » formés à une technique ou à une autre ont pris l’appellation générique de psychopraticien. Certains qui sont des psychanalystes « en devenir » prennent le titre provisoire de psycho-praticien analytique, la déontologie de leur institution de formation ne les autorisant à mener des cures analytiques.